Tandis que la Terre tourne chaque jour dans un maelstrom de couleurs, captivant des milliards d'êtres humains dans sa magnificence ; Takumi, lui, observe de loin cette masse, hausse les épaules, et retourne dans le seul monde qui l'intéresse, celui du show-business. Ce n'est pas exactement le milieu qui l'intéresse ; ce n'est pas l'arrogance qui le pousse à se désintéresser au reste du monde. C'est juste que Takumi ne s'aime pas, il  voit les qualités des personnes qui l'entourent mais pas chez lui-même, il remarque ses propre défauts et ignore ceux de autres.

Et lorsque les projecteurs s'allument, lors que le flash d'un appareil l'aveugle, Takumi se sent comme quelqu'un d'autre. Les regards sont sur lui. Les compliments pleuvent. Oui, Takumi, au fond, c'est qu'un pauvre gosse avec un complexe d'infériorité. Il veut booster son égo, il veut être dans la cour des grands, il veut faire du parachute alors qu'il est même pas foutu de sauter d'un plongeoir.

(peu sûr de lui, calme, pacifiste, peu compétiteur, pointilleux, larve de première catégorie, organisé, sympathique, rancunier, aime la cuisine, voue un culte au kimchi, collectionne les petits poneys, sent le thé au jasmin, fait semblant de mourir quand quelqu'un fume devant lui, grand gamin, mais il est sérieux quand il faut, très bon acteur, très mauvais chanteur, se roule dans sa couette le dimanche et hurle « je suis un maki », n'aime pas les Disney, fasciné par les arts occultes, très secret sur sa vie privé, son appétit sexuel s'est cassé dans un trou perdu, il y a souvent une rubrique « qui fera craquer Takumi » dans la presse people)

Né un 25 février à Osaka, Takumi était l'incarnation parfaite du gamin japonais qui n'avait pas échappé au coupe au bol immonde, infligé comme une sorte de punition dès qu'il avait les cheveux un peu plus longs que la moyenne. Ordinaire, avec des parents gentils et une sœur voleuse de jouets ; Takumi était loin d'être une flèche académiquement parlant, mais excellait en rédaction et en arts. Sur conseil de ses professeurs, il décida assez tôt de devenir scénariste (parce que tout le monde voulait être écrivain, et Takumi était un peu un hipster avant l'heure, pulls moches à carreaux et lunettes épaisses en moins).  

Le jeune homme poursuivit donc ses études dans cette voie là, et vendit quelques scénarios plus ou moins glorieux à quelques réalisateurs dès ses dix-huit ans.  Plus tard, acceptant la proposition de l'un de ses clients, il s'engagea comme cascadeur pendant quelques mois, avant d'être remarqué par un headhunter pour ses yeux : en effet, atteints de hétérochromie, l'un de ses iris est noir, tandis que l'autre est d'une teinte ambrée, assez chaude.

Takumi débuta donc une carrière de mannequin, avant de reconnaître qu'il préférait apparaître dans des films et non des magasines. Il reprit et continua quelques temps à être cascadeur avant de se focaliser dans une carrière d'acteur.

C'est dans ce métier là qu'il se révéla et que sa popularité grimpa en flèche : Takumi avait pour particularité de ne jouer que des rôles d'antagonistes, refusant souvent les autres, même ceux qui proposaient un très bon cachet. Pointilleux et très sélectif, Takumi changea énormément d'agence à cause de cela, mais cela ne l'empêcha jamais d'en retrouver une autre.