Meredith vous l’aimerez derrière le vernis irisé de ses articles, l’humour de ses potins au vitriol, le nacre clinquant des deux mille photoshoots de son portfolio,

vous l’aimerez pour ses anecdotes sucrées pour la régularité de ses updates pour ses conseils beauté avisés pour ses sourires polychromés pour sa bouche à chapstick et ses cheveux peroxydés,

vous l’aimerez pour ses goodies en toc embaumant le plastique pour ses applis portables fantastiques pour ses ours en peluche édition limitée pour ses jeux de simulation, vous aimerez les pages web consacrées à ses goûts culinaires et ses mensurations,

vous aimerez Meredith produit et Meredith objet, Meredith marchandise au dernier commentaire toujours en top des likes, Meredith manufacture à la vie comestible,

mais vous ne l’aimerez que pour ça,
parce que Meredith n’est pas aimable.

(si vous avez la flemme vous pouvez vous arrêter là mdr)

Meredith est une imbuvable teigne cachée derrière son pare-feu bling bling. Elle plonge dans le court-bouillon du système comme une murène électrique, un sourire plein de dents sous son vert pomme à lèvres. Elle s’étale, serpente, segmente, commet plus qu’elle ne fait, ment plus qu’elle ne respire, divise pour mieux régner et médiatise avec maestria. Meredith est redoutable et Meredith refuse que vous ne connaissiez pas au moins cinq de ses couleurs préférées.

Meredith Taylor profite de sa petite place d’égérie tyrannique pour vous imposer les choses qu’elle aime et la première de ces choses est Meredith Taylor.

Rompue au saccage de vies sociales et aux démêlés sur les réseaux, miss princesse chérie n’a pas de scrupules à piaffer sur les plates-bandes des autres ni à renverser des morceaux de sa vie dans la vôtre en toute duplicité. De toutes manières, vous la followez sûrement déjà.

Meredith somme toute s’abrite sous ses propres cils roses et sa prétendue candeur, fait passer ses caprices absurdes pour des hygiènes de vie, enjolive sa vie en chroniques addictives, se transforme pour son public en modèle d’avant-gardisme.

Meredith sait ce qui transforme l'envol d'une carrière en drame et sait refourguer son extravagance comme on dilapide une bonne came. Meredith est inarrêtable, Meredith en gardant bien de se brûler les ailes est une pandémie qui s’en va conquérir le cybermonde - avec tous les effets pyrotechniques qu'il lui incombe.

Meredith nait à Sydney, où elle grandit au sein d'une famille moyenne. De gamine lambda elle devient adolescente lambda, typée peste perchée sur ses talons de 25 et sur ses excellents résultats scolaires. Très jeune elle ouvre un blog où elle publie frénétiquement sur ses deux passions, elle, et la kawaii culture. Ses activités la font connaître sur la toile australienne. Meredith poursuit ses études et entame un cursus licence de japonais. À défaut d'avoir du talent, elle travaille d'arrache-pied.

À l'occasion d'un échange scolaire au pays de ses fantasmes, elle emménage un an dans un quartier branché de Tokyo. Elle vaque à la traduction de son blog : sa fraîcheur occidentale mêlée à son style intrigant la popularisent peu à peu en terre nipponne.

Sa visibilité facilite son intégration, et il ne faut pas très longtemps pour qu'une certaine agence la contacte et lui propose un entretien. Entretien au terme duquel Meredith devient, pour son plus grand bonheur, cyber-idol à la solde de la F-lawless Factory, et s'installe indéfiniment à Tokyo aux frais de la princesse.