Botan, c'est la femme que l'on ne voit pas, que l'on oublie, mais dont on se souvient étrangement lorsqu'il s'agit de donner des tâches ingrates. Elle est la-femme-qui-amène-les-cafés, celle qui a un sourire crispé lorsqu'on la prend -encore- pour une stagiaire, dont la paupière tressaute quand on l'appelle "madame". Elle est celle qui reste polie quand on la reprend sur une petite gaffe, celle qui affirme ne pas juger le physique des autres puis qui se dit, à la pause café, que le nouveau stagiaire, il est vraiment très poilu.
C'est celle qui rougit pour un rien, celle que l'on trouve trop fragile. Pourtant, elle serre les poings et sait ravaler ses larmes, même si après, elle termine en fontaine.
C'est aussi la femme qui aime bien se placer en adulte sage, sereine, et responsable pour donner des conseils gentils aux plus jeunes mais qui finit par craquer Camus-du-Verseau-c'est-le-plus-beau et qui aime rester en sous-vêtements chez elle à regarder des vieilles séries en chantant les génériques avec une brosse à cheveux en micro. C'est aussi celle qui promet que, pour de vrai, elle va faire attention à sa ligne, mais qui termine le pot de glace vanille-fraise dans l'heure qui suit. Elle est la femme qui assure fièrement être une adulte, puis qui flippe à l'idée de vieillir. Elle est aussi la superstitieuse qui recouvre entièrement le sol de son appartement de sel par ce qu'elle est persuadée de sentir "une mauvaise présence" et qui fait attention à la façon dont elle place ses meubles.

Née à Yawata, ville japonaise dont les seuls intérêts sont respectivement un pont, et un grand temple shintô, un premier avril, sa naissance n'avait pourtant rien d'une blague. D'une famille de prêtres de Iwashimizu Hachiman-gū, l'avenir de son frère de cinq ans son ainé, Bara (parce qu'ils aiment bien les "b" il semblerait) est tout tracé. De son côté, Botan a l'heureuse chance de pouvoir prétendre à n'importe quel futur.

Son enfance s'est déroulée sans autre évènement notable que l'horrible décès du poisson-globe Kiko, qui aura sauté de son bocal. La mère affirmera qu'il sentait que l'aquarium n'était pas bien aligné dans son karma.

Botan rejoint Tokyo à son entrée au lycée, dans un internat. Son premier petit ami est un camarade des cours du soir. Il l'a tellement marqué qu'elle ne parvient plus à se souvenir de son nom.

Elle obtient des résultats bons, mais pas excellents. L'appréciation qui revient le plus souvent est "Peut mieux faire", néanmoins, elle ne fera jamais mieux. Ses professeurs lui trouvent un manque d'ambition certain. Elle rompt avec son premier petit ami (ou plutôt, c'est lui qui rompt) au bout de trois mois avec l'argument "je préfère qu'on soit amis. On reste amis hein ?"

...C'était quoi son nom déjà ?

Botan fait des études de communication. A côté de ses cours, elle vend des grigris de téléphones portables dans une petite échoppe de quartier. Il parait que c'est en lien avec son cursus.

Elle décide d'arrêter son hobby de cosplay après deux ans de pratique suite à un accident. Effectivement, quelqu'un aura marché sur sa perruque trop longue, bien accrochée à son crâne. Résultant de la mauvaise chute : un poignet cassé ainsi qu'une explication difficile aux pompiers qui arrivent sur les lieux.

Son diplôme en poche, elle n'obtient dans un premier temps que des stages dans différentes petites entreprises (la plupart, rémunérés en onigiris).

Âgée de vingt-deux ans, elle rencontre dans le train un garçon du nom de Junichirô. Son étiquette sortait de son T-shirt. Après leur discussion, ils échangent leurs numéros et se revoient plusieurs fois par la suite avant de sortir ensemble. Junichirô est une bonne personne, seulement, il a la fâcheuse manie de surveiller les appels de Botan, de la suivre lorsqu'elle sort sans lui, de choisir sa garde-robe à sa place et de l'insulter lorsqu'elle renverse le thé. Malgré ça, elle se dit que c'est parce que c'est quelqu'un de stressé, et puis, elle l'aime.

A vingt-cinq ans, Junichirô lui propose le mariage, sous la panique, Botan répond : " Ah heu .... heu .... bip bip je ne suis pas là pour cette demande, réitérez votre proposition lorsque je rappellerai ou laissez un message après le générique de Saint Seiya ....ahaha...aha..... Tu ris pas ? "

Après ce coup à la mâchoire, Botan se dit que ce n'est peut-être pas une si bonne idée après tout. Elle fait alors ses affaires et file sans prévenir, elle change de numéro mais panique un peu pendant un temps lorsque quelqu'un sonne chez elle. Sinon, ça va. Elle aime bien sa nouvelle décoration, elle a peint un mur en bleu. Elle a aussi obtenu un vrai travail. Pas beaucoup payé, certes, mais payé pour de vrai.

L'amour, ça rate pas et, l'année suivante, elle tombe amoureuse d'une fille. Beaucoup plus jeune. Mayu a dix-sept ans, Botan en a vingt-sept. C'est bizarre, elle assume pas et elle essaye de garder cette relation secrète, néanmoins, quelque part, elle se sent bien. Mayu met fin à leur couple six mois plus tard. Botan découvre la glace vanille-fraise.

Deux kilos plus tard, elle commence à travailler dans un café-cosplay pour arrondir les fins de mois. Trois autres kilos plus tard, elle postule dans une entreprise plus grande. Elle est prise comme Assistante de l'Agent de Communication. C'est pas le plus prestigieux, même si le titre en donne l'impression, mais au moins, elle a l'expérience.