“ Quel son peut avoir la voix d'un daemon ?”

Savoir attendre sans rien faire, juste en faisant travailler l’esprit, en imaginant. Comploter des histoires avec des personnages sans jamais les écrire ou juste des phrases de ci de là, dans une marge de cahier de cours, une phrase que personne ne peut comprendre .A part vous. Les plus aventureux rêveront de quêtes et de batailles. Les plus fleurs bleues imagineront les joies et les déboires d’un couple qu’ils auront créé de toute pièce, avec leur entourage, qui est devenu si vaste au fil du temps ils ont pris leur indépendance. Ainsi, le frère jumeau de la fille s’est marié lui aussi, deux fois, avant de trouver la bonne moitié, celle avec qu’il souhaite partager sa vie et qui le complète si bien. Une amie qui l’on croyait morte était en fait amnésique dans un hôpital de campagne, tout le monde la cherchait mais personne ne le faisait au bon endroit. Histoire invraisemblable qui se mêle parfois à de la magie, au fantastique. Vous saviez que ces gens ont un daemon ? Oui, cet animal d’âme qui vous suit partout. Et que ce daemon se transforme en arme pour combattre des entités maléfique d’une dimension maléfique ? Et que tout cela se passe dans une Angleterre victorienne ? Imagination trop débordante, mine de trésor pour scénariste de série B. Invraisemblable invraisemblance qui occupe l’esprit, le repose. Imaginé de toute pièce ou qui se repose sur ce que vous avez lu, vu ou écouté dernièrement. Il ne faut parfois qu’un rien pour qu’une bonne roue d’engrenage s’enclenche au bon moment et que pour l’imagination parte vagabonder même lors des moments importants où on demande toute l’attention. A la fois richesse et tare des rêveurs. Tout est toujours bien mieux dans nos histoires, parce qu’on est tout puissant. Nous seul pouvons choisir si, où et quand cet univers peut voler en éclat ou au contraire rester plat et lisse. Il n’y a personne de toute façon pour nous forcer à raconter la suite, ni à y mettre un peu de piment. Eternelle liberté de pensée.

Ayame repose pied sur terre et rouvre ses grands yeux sombres. Ce qu’elle attend, elle ne le sait plus, elle cherche en replaçant l’iris accrochée dans ses cheveux. Ah si, un rendez-vous, qu’un grand patron se libère. Aujourd’hui, c’est le jour du point des deux derniers mois de travail d’IRIS, en compagnie de son agent. Ce qu’il faut faire, si les résultats sont bons. A ses yeux à elle, ils ne le sont jamais. Pas même satisfaisant en fait. On peut toujours faire mieux. Elle ne sait plus de qui vient cette phrase. Pourquoi son esprit a-t-il vagabondé autant ? A cause de cet homme qui est entré dans cette salle d’attente après elle, ce géant européen en costume, dont le visage est caché sous un masque de félin. Léopard ? Panthère ? Guépard ? Peu importe .Elle s’était étonnée de ne pas voir les yeux avec son masque. Puis elle s’était  que ce masque était peut être le reflet de son âme d’Idol, un peu comme IRIS n’est pas Ayame, même si certains traits, notamment dans les correspondances, les rapprochait. La mystérieuse IRIS face à la transparente Ayame. Enfin pas tant que ça puisque personne ne se doutait hors famille de ses talents de doubleuse. D’Ame animale, elle avait pensé à Daemon, mis à la mode par une production hollywoodienne qui avait passionné les jumelles. Hier soir, elle avait aidé son frère à comprendre l’Angleterre Victorienne qu’il étudiait en cours d’Anglais. Tout ceci mélangé avait donné un univers avec des dizaines de personnes aux noms rocambolesques.

Aya lisse la soie de son kimono bleu céladon au motif de fleur, replace correctement le pan. Elle tapote sur le sol avec ses socques en bois avant de sursauter. L’homme animal a parlé. Elle penche la tête, se concentre. Elle aurait été Ayame, elle aurait répondu à la question par une autre question, lui demandant ce qu’il avait à cacher sous ce masque, s’il se sentait plus tigre qu’homme, si son daemon avait la forme d’une panthère ou d’un guépard. Mais elle est IRIS. IRIS est adulte, IRIS semble âgée d’un peu plus d’une vingtaine d’année. C’est fou ce qu’un maquillage peu faire, il peut vieillir une jeune personne et rajeunir une personne âgée. IRIS est mature, contenue et réponds poliment à tout ce qu’on lui demande. Elle se lève avec élégance, se penchant respectueusement pour le saluer.

« Excusez-moi de ne pas m’être présentée quand vous êtes entré. Je suis IRIS, je suis engagée comme doubleuse à l’Hijikita Entertainment depuis 2 ans maintenant, bientôt 3. »

Elle sourit doucement, se redressant, les mains accrochées l’une à l’autre devant elle. Son accent anglais est bien meilleurs que celui des japonais de base, elle y travaille, elle veut s’exporter. Mais il n’est pas parfait pour autant.

« Et vous ? Qui êtes-vous ? Je ne me souviens pas vous avoir croisé avant, peut-être était-ce de ma part de l’inattention ? Mais je manque à tous mes devoirs , Voulez-vous que j’aille demander du thé pour nous deux ? Ou autre chose, j’avoue ne pas bien connaitre les us et coutumes occidentales. »

“ Simili voix , Simili personnage.”

La bouche d’Ayame s’ouvrit en un petit « o » quand il se présentait .Quand il lui dit lutteur, ce fut comme une encyclopédie dans son esprit. Non, même pire. Comme Wikipédia. Elle passa dans sa tête de la lutte sumo au judo, en passant par la plupart des arts martiaux asiatique , en faisant un petit détour par la lutte gréco-romaine qu’elle ne connaissait que de nom, c’était une discipline olympique, c’est tout ce qu’elle savait et par la boxe. Par contre, aucune entrée dans la base de donnée cérébrale d’Ayame ou d’IRIS pour « New Japan Pro Wrestling » . Mais on va faire comme si on avait tout compris, hein, histoire de pas le vexer. Il fait bien deux tête et demi de plus qu’elle et disons-le, c’’est une montagne de muscle. Elle savait que les gens en Europe se serraient la main pour se saluer, c’est ce qu’il faisait dans les films tout du moins. Là, elle avait l’impression que s’il lui prenait la main, il la lui broierait. Ça tourne dans ta tête, cette histoire, genre, électron tournant autour d’un noyau, satellite autour d’une planète, quand il refuse le thé qu’elle propose d’aller chercher. A la machine, si elle le fait elle-même, elle a peur de faire exploser le bâtiment en faisant bouillir l’eau, ou de trébucher en emmenant jusqu’à la salle d’attente le plateau, renverser sur elle ou sur son interlocuteur , bref , tout ce qui pourrait arriver comme à chaque fois qu’elle fait quelque chose s’approchant de près ou de loin du registre de la cuisine ou même, tout simplement, demandant un peu d’habilité ou tout simplement d’adresse. Elle insiste quand même



Elle sourit encore toujours. Ce n’est pas du cinéma, c’est un sourire franc et heureux de parler à quelqu’un. L’attente parait moins longue, le temps aussi. Et puis, c’est toujours agréable de discuter et de faire connaissance avec quelqu’un, qui plus est de l’agence.



Elle mime une baguette magique lançant un sort, avant de se concentrer, prenant une voix grave d’homme, cherchant à le surprendre



Reprenant sa voix d’IRIS , voix de femme mure et posée .