La lune en cette soirée douce n'apparaît pas dans le ciel noir tâché de points blancs. Elle est cachée on ne sait où, jouant avec vous, être humain, à un cache-cache régulier. Mais ici, en cette ville, vous n'avez pas besoin de sa lumière naturelle, non, vous n'en n'avez pas besoin à Tokyo. Les lampions et les lampadaires font ça pour vous, vous éclairant de leurs rayons factices. Jouant le rôle de soleil sur terre, faisant danser des ombres sombres derrière vous, vous suivant, se tapissant.

Toi, Mei, t'es une nouvelle fois en train de errer sur les trottoirs pleins de gens vivants trop gris. T'es là la tête en l'air, tu observes le ciel, essayant de voir où sont les constellations, mais la lumière te fait défaut et tu ne vois rien. C'est aveuglant, c'est dérangeant. Cette fille aux milles couleurs que tu es, préfère vivre dans le noir plutôt quand pleine lumière, préférant la clairvoyance nocturne à l'aveuglement journalier.

Soupirant et revenant sur terre, tu reprends ta marche les mains dans le dos, les doigts légèrement enlacés, laissant ton sac en bandoulière brun danser contre ta hanche. Tes yeux bleus toujours vifs observent le monde, les formes, les traits, captant de temps en temps un élément intéressant qui attire ton attention. Chaque fois que tu passes dans ce quartier qu'est Ikebukuro, tes yeux monte haut, tout en haut, essayant de toucher les dernières fenêtres des grattes-ciel. En vain ! Redescendant bien vite quand tu te rends compte... ou plutôt que tu t'infliges l'idée que tu ne seras jamais aussi reconnue que ces gens sur le papier glacé. Pourtant... Pourtant tu aimerais bien toi aussi avoir un petit moment de gloire. Un moment de gloire pour ton talent plutôt. Mais le monde semble préférer l'image de quelque chose de bien vivant transpirant la fausseté bien jouée, que des lignes mortes laissant le parfum de quelque chose de vrai, voir même historique. La population préfère s’accabler du réel cacher dans une illusion... c'est désolant.

En attendant tes pas te guident jusqu'à un petit bar joyeux, plutôt bon enfant où tu dois avoir rendez-vous avec un garçon que tu as rencontré il y a peu. T'installant en silence avec un léger sourire au barman, tu jettes un petit coup d'oeil à l'horloge de l'établissement.

En avance.

Tu es en avance pour ton rancard. Ce qui est plutôt une bonne chose avec toi, quand on sait que tu es bien du genre à arriver avec un quart d'heure de retard, car tu as été incapable de te repérer à trois rue du lieu dit.

Mais voilà que les minutes passent, et que personne ne semble se présenter. Laissant la place à côté de toi, complètement vide, soufflant cette sensation d'être de trop, comme une moquerie. Contrariée, et te rendant compte de quoi tu es la victime, tu soupires et commande enfin un cocktail sous l'oeil désolé du bonhomme.

▬ Hum... Ça ne sera jamais que le cinquième du mois qui me pose un lapin...

Boudeuse, un coude posé sur le comptoir et ta tête blanche dans la main, tu touilles lascivement les glaçons dans le verre que l'homme vient de te servir avec le petit parasol rouge.

Rouge... Rouge Passion.
Ironique.

Le liquide bleu opaque dans ton verre semble stoïque à l'environnement, ne laissant paraitre aucune onde. Il t'a l'air pourtant sucré et doux le breuvage, mais en même temps il a un côté tellement froid et impartial. C'est ironique comme réflexion à l'heure qu'il est, dans la situation où tu te trouves. Encore une fois rejeté par un garçon. Pourtant il t'avait l'air sympathique, il avait l'air d'une personne bien... Il faut croire que non, ou à moins qu'il n'ait pas pu venir. Mais, il t'aurait surement prévenue. Soupirante, tu tournes doucement le petit morceau de bois, laissant tinter le bruit cristallin contre la glace du verre dans le brouhaha festif de la fin de soirée. Tout n'est que paraitre. Bel aspect, forme floue dans le faux concret.

▬ Un bout de femme qui ne passe pas inaperçue n'est-ce pas ? La même chose s'il vous plait.

C'est une voix familière qui te sort de ta pensée morose. Laissant tomber doucement ta main sur le bois sombre du comptoir, tu tournes ton visage vers le son suave, tes traits se détendant délicatement à la vu de la jeune femme blonde aux lignes appartenant à un autre pays.

▬ Oh quelle agréable surprise. Mademoiselle Rosebury..., un léger sourire se dessine sur tes lèvres, pliant le coin de tes yeux en quelque chose de rieur et pétillant, Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui vous amène par ici ?

Un court instant tu oublies cette nouvelle déception relationnelle, le coeur joyeux de tomber sur quelqu'un que tu connais, te sentant un peu moins seule, peut-être même un peu plus à ta place. Surtout que les mots " qui ne passe pas inaperçue " t-ont touché, faisant apparaitre de petites rougeurs de gêne sur tes joues, puisqu'il est vrai que tu ne passes pas telle une ombre dans ces endroits restreint. Les gens te regardent un peu de travers ; ne ressemblant en rien à une japonaise, c'est compréhensible que l'attention se porte sur ta personne. Surtout que les observations se font plus appuyer depuis que l'australienne c'est posée à côté de toi.

Pokéball:

Tes mots sont un peu hésitants même si tu essayes tant bien mal de faire toi aussi illusion. Mais les courbes de ton visage et les gestes que tu opères ne semblent pas aussi propres, aussi fins, aussi véridiques que le reste de ces gens. Ce sourire timide sonne même un peu faux. Cette malice enfantine qui pétille dans tes yeux semble aussi un peu terne. La seule chose bien vraie est surement cette caresse au coeur que tu as de trouver une connaissance ici. Dans ce bar bruyant, où la musique populaire règne en maître. D'ailleurs ce genre d'endroit un peu.... Limité ? Oui, n'est pas vraiment ton genre, tu te demandes pourquoi l'autre garçon a voulu que tu viennes là. C'est plutôt bon enfant, serte, mais y'a aussi un petit côté glauque... M'enfin bon, surement une impression à cause de ton état un peu chagrin.

▬ Je sors tout juste du travail, c'était une longue journée alors j'avais besoin de décompresser un peu.
▬ Oh je vois, votre travail doit-être fatiguant... en agence.

Avec ces mots tu lui adresses un petit sourire encourageant et léger, de ce que tu donnes à tes clients qui se crispent lorsque l'aiguille de la machine criarde du Salon transperce leur peau.

Comme l'australienne, un peu par mimétisme en fait, tu bois une ou deux gorgé du breuvage qui se trouve être plutôt âpre et qui réchauffe les parois de ta gorge, faisant monter une légère rougeur de chaleur sur tes joues. Tu avais commandé quelque chose au pif, et tu as tort semblerait-il.

▬ Et tomber sur vous me semble être une très bonne idée pour passer une agréable soirée.

Lorsque la jeune femme à côté de toi dit cela, tu sentis de réel rougeur sur tes joues, un peu gênée de compliment que tu gratifies encore d'un nouveau demi-sourire de jeune fille en fleur, décidant de ne rien dire. L'atmosphère te semblant soudainement très pesante sur tes épaules.

▬ A moi de vous retourner la question, qu'est-ce qu'une jolie fille comme vous fait toute seule dans un bar comme celui - ci ?

La boisson au bord de tes lèvres tu manques de t'étouffer lorsqu'elle te questionne, te sentant soudainement toute penaude lorsque l'idée d'être prise pour une idiote pour la énième fois du mois s'impose à ton esprit. Alors posant le vers doucement sur le comptoir, tes cheveux te voilà la face un instant et tes doigts se crispent sur le verre. Mais tu ne restes pas longtemps comme ça. Tournant ton minois vers elle a la bouche tordue de déception tu hausses les épaules.

▬ Et bien j'attendais quelqu'un... Une rencontre. Mais personne... D'ailleurs c'est plutôt agaçant... Je me sens un peu idiote ici maintenant... ahah... avec tous ces yeux...

Tu passes ta main nerveusement contre ton cou, baissant le regard, un rire nerveux sortant de tes lèvres. Tu n'as pas vraiment l'habitude que l'on te pose des questions de la sorte, qu'on s'intéresse comme cela à toi, surtout avec des compliments partout qui te laisse sans moyen.

Regardant la foule autour, un peu distraite, tu peux voir un groupe de trois garçons venir vers vous.